Découvrez les propriétés incontournables des superaliments et alicaments tropicaux avec Josie K !

Experte en nutrition tropicale, Josie K se voue à la lutte contre la malnutrition afin de prévenir les pathologies qu’elle engendre.

Ses recherches scientifiques et les résultats tangibles éprouvés la mènent à prêcher avec ferveur pour une reconnexion avec l’alimentation ancestrale des zones tropicales. En juillet dernier Superaliments & Alicaments Tropicaux (Publishroom Factory, 2024) voit le jour, un ouvrage inédit nourri de son érudition.

Pour mieux comprendre les enjeux sanitaires et écologiques de cette alimentation exotique singulière, nous nous sommes entretenus avec l’experte.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a poussé à vous intéresser à la nutrition et aux bienfaits des plantes tropicales ?

Je suis titulaire d’une licence en biochimie option technologie alimentaire et nutrition humaine que j’ai obtenue à l’université Yaoundé 1 au Cameroun et diplômée de l’Integrative Institute of Nutrition de New York. Tout au long de l’adolescence, j’avais des problèmes de surpoids. Ce n’était pas très grave mais j’ai expérimenté une prise de poids très brutale liée à la puberté. J’ai alors cherché moi-même des solutions pour pouvoir en venir à bout.

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À cette époque, j’ai essayé de me documenter au travers de magazines et de livres mais le constat était flagrant : tous les ouvrages disponibles traitaient essentiellement de l’alimentation européenne. Toutes les recettes avaient trait aux aliments qu’on ne trouvait pas sur place, dans la ville de Yaoundé où je suis née. Je crois que cette prise de conscience fait partie des éléments qui ont cristallisé en moi de façon progressive, au-delà de mon parcours universitaire, l’intérêt profond que je porte à la nutrition via l’idée de corriger mon problème de kilos superflus.

Par la force des choses, j’ai trouvé un premier emploi dans une entreprise qui commercialisait des compléments alimentaires et notamment des produits contre le surpoids. J’ai eu l’occasion en ce sens de découvrir que les produits minceurs en eux-mêmes ne sont pas suffisants pour enclencher une perte de poids définitive. J’ai ensuite décidé de m’installer à mon propre compte. Cela va faire bientôt 12 ans que nous exerçons en cabinet privé, depuis le Cameroun et actuellement en Allemagne.

Ce livre fait partie d’une série d’ouvrages dans le domaine de la nutrition tropicale. Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre ce travail, et comment en mesurez-vous l’impact sur vos lecteurs et sur le terrain ?

La première chose qui me motive, et je vais insister sur le volet de la littérature qui traite de l’alimentation tropicale, c’est déjà partir du constat que j’ai eu à faire lorsque j’ai été moi-même confrontée à des difficultés similaires. Je fréquentais de nombreuses bibliothèques à l’époque, même là je ne trouvais pas d’ouvrages qui traitaient de l’alimentation tropicale en dehors des livres de cuisine classiques. Il était quelque part de ma responsabilité de combler cette lacune. J’ai voulu produire une littérature de qualité, avec la traçabilité scientifique, mais qui soit aussi accessible à une personne lambda qui a un niveau d’éducation moyen.

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On mesure l’impact en recevant tous les jours, à longueur de journée et sur toutes les plateformes, des remerciements. On peut aussi le jauger à travers nos différentes plateformes de communication : sur notre chaîne YouTube on compte plus de 180 000 personnes – ce n’est pas énorme mais c’est assez significatif –, sur Facebook c’est plus de 9500 abonnés (mais une communauté de plus de 350 000 followers) et puis on a une base de données très intéressante. On comprend que notre activité au quotidien répond à un besoin réel. Nous sommes très heureux de pouvoir participer à la valorisation de l’alimentation tropicale avec ses nombreuses spécificités qui la distingue de toutes les autres.

Parmi les superaliments et alicaments tropicaux que vous présentez, lequel vous semble le plus sous-estimé ou méconnu, et pourquoi devrait-il attirer davantage l’attention des consommateurs ?

Tous ceux qui ont été mentionnés dans l’ouvrage parce qu’en réalité il y a un nombre bien plus élevé de superaliments et alicaments tropicaux. L’objectif pour nous était de retenir vraiment le top 8 à découvrir absolument. Dans ceux qui ont été retenus dans cet ouvrage, vous vous rendrez compte que toutes les parties des plantes sont exploitables alors que pour d’autres superaliments ce sont uniquement les feuilles, les fruits ou les racines.

Pour les denrées présentées, tout est exploitable depuis les racines ou les écorces pour des recettes médicinales traditionnelles, les fruits pour la consommation ou pour la transformation, les feuilles également dans la pharmacopée ou même dans d’autres usages du quotidien ou alimentaires. Dans Superaliments et Alicaments Tropicaux, nous estimons vraiment avoir sélectionné les plus indispensables à connaître, maîtriser et à intégrer dans la routine alimentaire.

Si je prends par exemple le cas de l’huile de palme, on a longtemps entendu qu’elle était mauvaise pour la santé cardiovasculaire. Pourtant, quand vous parcourez attentivement sa composition, elle possède des nutriments qu’on ne retrouve absolument pas dans l’huile d’olive. Si on prend le safou, Dacryodes eduli, on découvre que sa composition est similaire dans sa teneur en protéine à celle de l’œuf et du lait. Cela traduit qu’on n’a plus forcément besoin de dépenser beaucoup d’argent pour acheter du lait puisqu’on peut se rabattre sur le safou. Tout dépend de la situation géographique de la cible qui est concernée et du besoin ou du problème qu’on essaye de résoudre.

Les superaliments tropicaux ont non seulement des vertus nutritionnelles mais aussi des propriétés thérapeutiques. Pourriez-vous nous parler de l’impact de certains d’entre eux sur des conditions de santé spécifiques comme le diabète ou les maladies inflammatoires ?

Lorsqu’on va prendre le volet des maladies inflammatoires – et je vais surtout m’arrêter sur le cas de l’hypertension artérielle –, de façon unanime, sur les sept superaliments présentés il y en a six qui permettent d’affecter de façon positive la tension artérielle. Que ce soit le safou, le tamarin, le baobab, le moringa ou la spiruline, ils ont une teneur bien plus élevée en potassium que les aliments classiques comme le pain, le riz ou les pâtes.

Il a été démontré qu’intégrer ce groupe alimentaire dans l’alimentation d’un hypertendu, sans rien changer à sa médication, lui permet de façon naturelle de retrouver une tension artérielle beaucoup plus stable dans le temps. C’est un atout exceptionnel, une piste très intéressante à exploiter lorsqu’on connaît les effets secondaires de certains médicaments prescrits à une personne hypertendue qui pour la plupart sont obligés de les prendre à vie.

Dans le livre vous abordez aussi la question des contre-indications. Pouvez-vous nous donner un exemple de superaliment tropical dont la consommation peut présenter des risques et comment les lecteurs peuvent-ils s’en prémunir ?

On pourrait prendre le cas de la poudre de baobab qui est extrêmement riche en fibres. En consommer en trop grande quantité et de façon très concentrée peut perturber légèrement la flore intestinale et bactérienne puis conduire à des situations de constipation chronique dans certains cas ou à des diarrhées.

C’est l’une des raisons pour laquelle nous avons indiqué dans le prologue de l’ouvrage l’importance de se rapprocher ou d’appliquer les recommandations uniquement avec la validation du médecin traitant qui maîtrise le profil physiologique du patient ou bien de se rapprocher de spécialistes naturopathes qui sont experts dans la proposition des dosages adéquats.

Certaines personnes se préoccupent des modes de production et de la durabilité des superaliments tropicaux. Que pouvez-vous nous dire sur la manière dont ces aliments sont cultivés et récoltés ? En outre, quel rôle jouent les pratiques agricoles durables dans leur avenir ?

La plupart de ces superaliments font partie de l’alimentation traditionnelle, c’est-à-dire celle qu’on retrouvait sur le continent il y a déjà un siècle. Ce sont des plantes qui poussent sans difficulté, sans engrais ni pesticides. La majeure partie des plantes ou des arbres qui produisent ces superaliments avaient également une connotation ou un rôle anthropologique très important. Ici, on ne parle pas de végétaux qui poussent chaque année. Ce sont des arbres qui mettent parfois dix, quinze, vingt ans avant de commencer à produire des fruits.

En ce qui concerne l’équilibre de l’écosystème, je n’ai pas le sentiment que c’est un problème qui se pose sauf si cela ne se transforme en culture intensive au détriment des autres espèces qui participent à l’équilibre de l’environnement. Je considère que ces exploitations n’affectent pas négativement l’écosystème de façon générale puisqu’on retrouve ces végétaux dans des communautés africaines comme étant un héritage des ancêtres et non pas une récente découverte qui aurait commencé à être cultivée du jour au lendemain.

Comment expliquez-vous qu’alors que les superaliments existent depuis l’antiquité, ils ne sont entrés sous les feux des projecteurs que depuis les années 2000 ?

Le problème majeur c’est la mondialisation mais également le matraquage médiatique autour des aliments classiques. Je vais prendre un exemple flagrant avec le cas du jus d’orange. Il y a des années qu’on nous a martelé que le jus d’orange était indispensable pour avoir le tonus le matin. De nombreuses familles vivant sur le continent africain ou dans la diaspora l’ont intégré comme étant la condition sine qua non pour être en forme le matin.

Mais aujourd’hui on sait que ce n’est pas le cas parce que justement il y a des personnes comme moi qui se sont penchés sur la question pour découvrir par exemple que le baobab contient six fois plus de vitamines C que l’orange. Certaines communautés ont délaissé progressivement leur héritage alimentaire ancestral au profit d’une alimentation qu’on retrouve en supermarché. Il faut le dire, dans plusieurs cas de figure en Afrique faire ses courses au supermarché est un symbole de richesse.

Il y a des personnes qui ont été influencées par ces dynamiques ou ce que je vais appeler une espèce de mode. C’est ainsi que les superaliments ont été délaissés, ce qui fait qu’aujourd’hui ce sont davantage les personnes qui vivent dans des zones rurales reculées, où il n’y a pas d’influence de la mondialisation, qui sont restés fidèles aux traditions d’antan.

À quel lectorat s’adresse votre ouvrage ?

Il s’adresse à toutes les personnes qui vivent dans des zones tropicales. Quand je parle de zones tropicales ce n’est pas seulement l’Afrique, cela suppose également une bonne partie de l’Amérique du Sud, de l’Asie du sud, de l’Océanie, ainsi que Haïti et les pays des îles.

La seconde cible est toutes ces personnes originaires des zones tropicales qui se retrouvent dans la diaspora que ce soit en Europe, en Amérique ou alors sur d’autres continents et qui parfois ont de la peine à conserver l’héritage nutritionnel avec lequel ils ont grandi. C’est également à ceux qui ont quitté leur pays, qui voudraient de temps en temps se faire plaisir en se reconnectant aux plats traditionnels que l’ouvrage s’adresse.

En troisième catégorie, il cible aussi celles et ceux qui sont dans une posture d’ouverture, qui souhaitent explorer ou découvrir ce qu’une communauté ou un continent autre que le leur a à offrir ou à proposer comme richesse. Enfin, il s’adresse notamment aux familles mixtes. Il y a parfois des partenaires qui voudraient se pencher sérieusement sur l’alimentation de leur compagnon ou compagne qui est originaire d’ailleurs. Un tel ouvrage leur permet de se documenter pour oser aller à la découverte de ce qui nous est étranger ou différent.

Vous évoquez vouloir lancer « la toute première chaîne de télévision exclusivement vouée à la nutrition en générale et spécifiquement tropicale ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est un rêve que nous nourrissons, nous n’avons pas encore de pistes concrètes pour l’aboutissement d’un tel projet. Depuis que nous avons commencé, la conclusion à laquelle nous sommes parvenus est que de nombreuses personnes ne font pas de bons choix alimentaires ou délaissent les groupes alimentaires intéressants et utiles au détriment de plus superficiels par défaut d’information.

Je crois fermement que s’il y avait une chaîne de télévision qui revenait à l’essentiel, qui parlerait d’alimentation à longueur de journée, qui s’intéresserait aux habitudes alimentaires que l’on retrouve dans les différentes communautés ou en zones tropicales, on constaterait un impact positif sur la diminution de la recrudescence des maladies chroniques liées à la mauvaise alimentation. Cela concerne notamment l’obésité, l’hypertension, le diabète, etc.

C’est un rêve que nous nourrissons et nous espérons pouvoir le réaliser dans les années à venir. Surtout que j’ai eu précédemment cette expérience au Cameroun en travaillant avec la chaîne de télévision nationale. J’animais régulièrement la rubrique nutrition et j’ai également collaboré avec plusieurs chaînes de télévisions et de radio locales. L’initiative a toujours été très bien accueillie.

Michel-Angelo