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Imaginez une chambre d’hôpital à la lumière trop blanche, l’air trop froid et le bip régulier des moniteurs. Sur le lit, une femme enceinte de 31 ans, infirmière et mère, vient d’être déclarée en mort cérébrale après une hémorragie massive. Pourtant, son ventre s’arrondit encore. Elle est enceinte, et sur les écrans, le cœur du fœtus bat, comme chez celles qui viennent de découvert que vous êtes enceinte.
À partir de cet instant, son corps ne lui appartient plus vraiment. En Géorgie, la loi dite du “heartbeat” interdit presque tout avortement dès que l’activité cardiaque du fœtus est détectée. À l’hôpital Emory, les médecins décident donc de maintenir cette femme enceinte artificiellement en vie pour laisser la grossesse avancer. Respirateurs, perfusions, traitements hormonaux, chaque geste vise à prolonger une maternité qu’Adriana ne peut plus choisir.
Une grossesse sous mort cérébrale poussée jusqu’à l’extrême
Les grossesses menées sous mort cérébrale restent une exception absolue. Une revue publiée dans le Journal of Medical Ethics ne recense qu’une trentaine de cas dans le monde. Dans le cas d’Adriana, le maintien artificiel atteint environ 120 jours. À l’échelle d’une grossesse, 22 semaines représentent à peine la moitié du terme habituel, avec des chances de survie très incertaines pour le bébé.

Début juin 2025, les médecins constatent une forte baisse du liquide amniotique et un retard de croissance du fœtus. Continuer la grossesse devient trop risqué. Ils décident alors de pratiquer une césarienne d’urgence. Le 13 juin, Adriana donne naissance à Chance, un bébé extrêmement prématuré, né à 22 semaines de gestation. En néonatalogie, il ne pèse que quelques centaines de grammes.
“Nous aurions dû avoir le droit de décider” : une famille dépossédée
Quatre jours après la naissance de Chance, les médecins proposent d’arrêter le maintien artificiel. Le 17 juin, Adriana est officiellement déclarée décédée. Sa mère, April Newkirk, raconte une expérience qu’elle décrit comme inhumaine : voir sa fille respirer grâce aux appareils, sentir sa peau tiède, tout en sachant qu’elle n’est plus là. Elle explique qu’on lui a dit que la loi sur l’avortement empêchait de couper les machines tant que le cœur du fœtus battait.
Plus tard, le procureur général Chris Carr affirmera pourtant que la loi n’imposait pas ce maintien et qu’arrêter les machines n’aurait pas été considéré comme un avortement. Pour la famille, cette précision arrive trop tard. Pendant des mois, elle a le sentiment qu’Adriana a été forcée de donner la vie au nom d’un texte qu’elle n’a jamais pu discuter.
Quand la grossesse se heurte aux lois anti-avortement
L’histoire d’Adriana éclate dans un contexte politique tendu. Depuis l’annulation de Roe v. Wade en 2022, plusieurs États américains, dont la Géorgie, ont durci leurs lois anti-avortement. La loi LIFE Act interdit la plupart des interruptions de grossesse après six semaines. En pratique, une fois les premiers battements du cœur fœtal détectés, il devient presque impossible d’avorter dans cet État.

Le dossier Adriana relance le débat bien au-delà de l’hôpital d’Atlanta. Certaines voix dénoncent une dérive où une femme perd sa capacité à décider, même après sa mort, d’autres défendent une protection maximale de la vie du fœtus, quels que soient le coût émotionnel et le poids pour les proches. Pour saisir ces dilemmes, vous pouvez lire cet article du BMJ sur la mort cérébrale et la grossesse, qui analyse la prise en charge de ces patientes.
Une femme enceinte, un bébé et nos propres limites
Aujourd’hui, Chance continue de grandir sous étroite surveillance médicale. Il incarne ce que la médecine peut rendre possible, mais aussi ce qu’elle ne guérira jamais : la perte d’une mère, la douleur d’une famille, le sentiment que le corps d’une femme enceinte a été utilisé sans véritable choix. Les proches d’Adriana veulent qu’on se souvienne d’elle comme d’une femme généreuse, d’une mère pleine de vie, pas seulement comme d’un “cas” cité dans un débat juridique.
En miroir, de nombreuses futures mamans se concentrent sur des gestes simples pour prendre soin d’elles, comme les astuces de grand-mère pour une femme enceinte. Ce contraste en dit long : d’un côté, une grossesse rythmée par des conseils et des petites joies, de l’autre, l’histoire d’Adriana, à la frontière du médical, du juridique et de l’intime. Au fond, cette affaire pose une question qui nous concerne toutes. Jusqu’où la loi peut-elle aller pour “protéger la vie” quand une femme enceinte ne peut plus s’exprimer, et que reste-t-il du droit de choisir ce que son corps peut encore donner ?
La rédactrice a utilisé l'IA pour corriger cet article.
