Todd Haynes est un réalisateur qui aime explorer les différentes facettes de l’amour, de la passion et de la souffrance. Après avoir sublimé le romantisme interdit de Carol, émerveillé les spectateurs avec Le Musée des merveilles et dénoncé le scandale écologique de Dark Waters, il revient avec May December.
C’est un film qui déroute, intrigue et fascine. Il raconte l’histoire d’une femme mariée à un homme de 23 ans son cadet. Le film explore les thèmes de la différence d’âge, du désir, de la jalousie et de la célébrité. Il met en scène des acteurs talentueux comme Natalie Portman, Julianne Moore et Chris Cooper. May December est un film qui ne laisse pas indifférent. Cet oeuvre montre une fois de plus le talent de Todd Haynes pour créer des œuvres originales et émouvantes.
May December : une histoire d’amour controversée
May December est un film qui explore les conséquences d’un amour interdit entre Gracie (Julianne Moore) et Joe (Charles Melton). Ils forment un couple atypique qui réside dans la charmante ville côtière de Savannah, en Géorgie. Leur histoire d’amour a suscité l’intérêt des médias pendant des années, en raison de leur écart d’âge considérable.
Mais il y en a plus. Dans May December, on apprend qu’ils se sont connus lorsque Joe était élève en cinquième, et que Gracie a été reconnue coupable de pédophilie. Après avoir accompli sa peine de prison, elle a épousé Joe et ils ont eu des enfants.
Dans May December, leur existence paisible est perturbée par la venue d’Elizabeth Berry (Natalie Portman). C’est une actrice renommée qui doit incarner Gracie dans une adaptation cinématographique de leur parcours. Pour se glisser dans la peau de son personnage, elle décide de séjourner chez eux, mais aussi de rencontrer leurs proches, leurs amis, leur avocat et l’ancien mari de Gracie.
Elizabeth se montre alors curieuse, en posant des questions indélicates. Elle joue de son charme avec Joe et crée des tensions dans leur entourage. Elle va ainsi faire ressurgir les traumatismes du passé et les mystères du présent, un élément clé dans May December.
Un style de film volontairement kitsch
Todd Haynes a choisi de traiter ce sujet délicat avec un ton décalé. En effet, le réalisateur oscille entre le sarcasme et l’émotion, dans son film May December. Il adopte une esthétique très marquée, qui rappelle les soap opéras des années 80. Le but étant de mieux raconter l’histoire de Gracie et Joe.
Les couleurs sont vives, les décors sont soignés, les costumes sont élégants, dans May December. Le contraste entre la forme et le fond est d’ailleurs saisissant, et crée un malaise constant chez le spectateur. Le fait est qu’on assiste à la relation controversée entre les deux protagonistes.
Le réalisateur joue avec les codes du genre, en multipliant les zooms rapides. Il utilise ainsi fréquemment des ralentis, des musiques dramatiques ou romantiques, dans May December. Il se moque des clichés, en montrant des scènes de barbecue, de shopping ou de balade à vélo. Cela contraste parfaitement avec la gravité du sujet.
Il dénonce l’hypocrisie de la société américaine, qui condamne Gracie mais qui s’extasie devant son histoire d’amour, dans May December. Il questionne aussi le rôle de l’artiste, qui exploite la souffrance des autres pour son propre succès. Et cela à travers le personnage d’Elizabeth Berry, une actrice célèbre qui se glisse dans la peau de Gracie pour le grand écran. Elle est fascinée par la vie de cette femme, mais elle ne comprend pas les choix qu’elle a faits.
May December : un portrait de femmes complexes
May December est avant tout un film sur les femmes, leurs désirs, leurs regrets, leurs contradictions. Julianne Moore et Natalie Portman livrent des performances remarquables, en incarnant deux personnages ambigus et insondables. Gracie est à la fois victime et coupable, aimante et manipulatrice, fragile et forte. Elizabeth est à la fois curieuse et indifférente, séductrice et cynique, admirative et jalouse.
Le film explore la relation entre ces deux femmes, qui se ressemblent et s’opposent à la fois. Elles se défient, se provoquent, se confient, se mentent. Mais égalemment, elles se cherchent, se trouvent, se perdent. Elles sont le miroir l’une de l’autre, mais aussi le reflet de leur époque. May December est un film qui ne laisse pas indifférent, qui bouscule les conventions et qui interroge sur la nature humaine.
