La maison canadienne « Les Éditeurs réunis » arrive sur les étagères des librairies françaises dès ce printemps. Un gros coup pour cette maison d’édition québécoise, qui espère s’implanter durablement dans le paysage français. Interview avec Daniel Bertrand, directeur général du groupe Bertrand éditeur, propriétaire des Éditeurs réunis.
CultureFemme : Pouvez-vous présenter votre maison d’édition ?
Daniel Bertrand : Les Éditeurs réunis ont été fondés il y a quinze ans, lorsque plusieurs maisons d’édition ont décidé de se rassembler pour publier un livre, un contrat important. Au fil des ans, nous avons investi dans le marché de la librairie grand public. Et autour de 2010, de petits succès en petit succès, les ventes ont commencé à être intéressantes et nous avons vraiment pris notre place sur le marché canadien.
Quelle est la spécialité des Éditeurs réunis ?
Nous publions principalement des romans historiques, avec notre collection « Romans d’époque », et de la littérature féminine, qu’on appelle aussi « chick lit » (littéralement, « littérature pour nana », ndlr).
Nous ne nous en cachons pas : ce sont des romans grand public, avec un lectorat essentiellement féminin qui nous achète pour se faire plaisir. Ces publications nous permettent d’apparaître régulièrement au palmarès des « best-sellers ». Par exemple, « Ce qui se passe au Mexique reste au Mexique ! », de notre autrice Amélie Dubois, a été le livre le plus vendu au Canada en 2012. Nous sommes devenus incontournables en matière de romans populaires dans le pays. On nous lit sur le bord de la piscine, à la plage, dans le métro…
Après vous être imposé dans la littérature populaire canadienne, vous vous intéressez désormais au marché français. Pourquoi ?
Cette arrivée en France est le produit d’une longue réflexion, mais le fruit était mûr. Nous connaissons des succès démesurés sur le marché québécois. Nous vendons parfois des droits et énormément de livres passent de la France vers le Canada. Alors pourquoi ne pas faire l’inverse ?
Nous voulons profiter de l’engouement des Français pour le Québec. Nous sentons que nous sommes bien accueillis. Ça n’a pas toujours été le cas, mais cette fois, on sent qu’on a notre place en France. Nous savons que le marché y est très concurrentiel. Il est dominé par de très gros joueurs, dont certains ont presque le monopole. Mais dans l’entreprenariat, il y a toujours une part de risque.
Comment choisissez-vous les romans que vous souhaitez amener sur le marché français ?
Nous choisissons des titres qui ont bien fonctionné chez nous, au Canada, mais qui sont également susceptibles de trouver leur public en France. Ce n’est pas le cas de tous les romans, notamment parce qu’au Québec, nous avons un patois : le joual. Et lorsque ce joual est retranscrit à l’écrit, en particulier dans les dialogues des romans « légers », les lectrices françaises ont tendance à être perturbées par ce langage « parlé ».
Lorsque nous vendons les droits d’un roman, l’éditeur acquéreur procède parfois à quelques modifications afin d’adapter le roman au lectorat français. De notre côté, nous avons également recours à des professionnels français du secteur. Ils nous aident à identifier les livres qui pourraient s’exporter. Et parfois, le joual possède aussi juste ce qu’il faut de dépaysant pour apporter du charme à un roman !
Quand pourrons-nous trouver vos romans sur les étagères de nos librairies ?
C’est déjà le cas ! Nous avons déjà mis plusieurs romans en vente en France pour tester le marché, mais nous visons la publication d’une dizaine de titres sur l’année – au Canada, Les Éditeurs réunis en publient soixante-quinze par an.
En avril, les lectrices et lecteurs français pourront découvrir « L’univers de Constance Prévost » d’Amélie Vallée. Ce roman a tout pour séduire. C’est un livre frais et léger, dans l’esprit du Journal de Bridget Jones, dans lequel une héroïne très indépendante vit des histoires sentimentales compliquées. Puis au mois de mai sortira « Les filles de joie » de Lise Simoes-Antunes. Ce roman d’époque met en scène les maisons-closes du début du 20e siècle à Montréal. Son personnage principal est une jeune fille, mise à la rue par sa famille parce qu’elle est enceinte, et qui a recours à la prostitution pour subvenir aux besoins de son enfant. Deux très beaux romans, donc, dont nous espérons qu’ils trouveront leur public en France !
Disponible dès maintenant :
« L’univers de Constance Prévost », par Amélie Vallée (avril 2022, aux éditions Les Éditeurs réunis). Site officiel.
« Les filles de joie », par Lise Simoes-Antunes (mai 2022, aux éditions Les Éditeurs réunis). Site officiel.