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Ainsi, elle espère toucher différents types de lecteurs, dont les très jeunes enfants, les adolescents et même les adultes. Le pari est réussi, puisque les mises en page sont organisées, de façon à capter directement l’attention du lectorat cible.
De ce fait, l’artiste peut brasser un large public, avec des personnes de tous âges. Par ailleurs, cela peut être un excellent moyen pour les plus frileux de l’écriture de se lancer dans cette activité qui développe l’imaginaire et permet de se couper du monde, l’espace d’un moment…
Sur les 4 livres dont un album illustré, trois romans et un spécial Noël, qu’est-ce que Mélodie Ducoeur cherche à apporter au paysage littéraire actuel ? Que raconte donc son histoire ?
Une saga qui s’ouvre sur une tragédie
Dans le premier tome destiné aux plus petits, c’est le personnage de Dimitri qui s’exprime à la première personne du singulier. Dans une immersion totale, le lecteur découvre progressivement le triste destin de cet enfant atteint d’un trouble de l’attention.
À cause de ce handicap qui touche grandement sa mère, ce personnage principal ne réussit pas à se trouver une place dans la société. A l’école, il est rejeté parce qu’il ne parvient pas à se concentrer en cours. Alors, ses professeurs l’excluent. Côté camarades, ce n’est pas formidable non plus, puisqu’il est amené à se bagarrer et subit le harcèlement…
Heureusement, Dimitri est très bien entouré, car sa maman est toujours là pour veiller sur lui. Elle va même jusqu’à organiser une campagne de sensibilisation, sous la forme d’un spectacle qui met en scène son propre fils. Pourtant, cette présence rassurante ne suffira pas à calmer la tempête qui gronde à l’intérieur de Dimitri.
À l’âge de dix ans seulement, le petit héros du Royaume de Séraphin se donne la mort. Il se jette d’un pont… Mais c’est à cet instant que le livre lance son intrigue principale, le cœur de la narration.
Qu’est-ce que le Royaume de Séraphin et comment y accéder ?
Le Royaume de Séraphin comme le titre l’indique est un endroit unique, différent du monde réel. C’est un genre de dimension parallèle, dans laquelle les plus petits (bébés, enfants) et les plus vieux (adolescents, adultes) se rendent une fois qu’ils décèdent. Ce lieu fictif est décrit à la manière d’un paradis, puisque les occupants ont des ailes de couleurs vives. Là-bas, Dimitri rencontre Séraphin, le « maître des lieux » qui confie une tâche particulière à chaque membre de sa communauté.
Par exemple, l’adorable Tifanie peut faire pousser des plantes sur Terre. Timéo est doté du pouvoir de vie : il touche le ventre de sa mère et elle tombe enceinte. Mais pas de précipitation pour lui ! En effet, le jeune personnage devra prendre son mal en patience, car elle est encore trop endeuillée et bouleversée par la perte du bébé pour envisager un tel projet…
Émerveillé par ces talents incroyables, Dimitri fraîchement accueilli et très entouré d’amour se sent néanmoins triste, parce qu’il a l’impression qu’il a abandonné sa maman et que son geste pourrait bien la mener au bord du gouffre…
Des thématiques fortes souvent passées sous silence
En réalité, les personnages qui vivent au Royaume de Séraphin ne sont pas visibles du commun des mortels. Ce sont des anges, des esprits, qui peuvent se rendre sur Terre : ils peuvent entrer en contact indirectement avec leurs proches, en leur insufflant des rêves, ou bien en provoquant un évènement qui fera écho à l’être aimé disparu. Par exemple, dans un chapitre du premier tome, Dimitri fait tomber une feuille près de sa maman, qui y voit la présence de son fils décédé.
Les 4 œuvres en une de Mélodie Ducoeur incarnent vraiment la bienveillance à l’état brut. Dans un paysage doux, qui rappelle le goût de la barbe à papa où des bébés volants s’amusent avec des baguettes magiques, l’auteure ne perd pas de vu son objectif : traiter des sujets sensibles et réels, en espérant qu’ils auront la portée nécessaire pour bousculer les mentalités. Ainsi, tout le monde devrait respecter l’autre, malgré ses différences. Accepter son prochain, c’est aussi l’aider à lutter contre des idées noires, surtout s’il est exclu pour un handicap, par exemple.
Le combat contre la maladie est cruel. Parfois, l’issue est complexe, car l’être humain ne peut contrôler la vie, lorsqu’il la détient lui-même. Le constat est terrible, mais également magnifique sous bien des angles : si les personnages de l’œuvre de Mélodie Ducoeur sont crédibles, c’est parce qu’ils font écho à nous-mêmes. A la différence, sans doute, que les réactions de ses protagonistes sont pures, sans filtre. Peut-être suffirait-il de s’ouvrir à ses propres émotions, de les laisser venir et nous submerger, pour aller mieux.
Le Royaume de Séraphin forme un ensemble de textes qui se complètent bien et qui pourront aider les familles et les individus endeuillés à aborder la question de la vie, de la mort. Un message d’espoir tissé avec brio.
Site de l’auteur : http://royaume-seraphin.com/