[Interview] Yves Girouard à propos de son roman Elsa Malt !

Plongez dans l'univers d'Yves Girouard avec Elsa Malt, L'Odyssée des Consciences, un roman d'anticipation se déroulant en 2054 mêlant transhumanisme, intelligence artificielle et quête de sens, et explorant les frontières entre humanité et technologie.

Dans cette interview, l’auteur nous dévoile son processus créatif, ses inspirations scientifiques et philosophiques, ainsi que ses réflexions sur les grands défis technologiques de notre époque, à la croisée des chemins, des planètes et des mondes.

Pouvez-vous nous présenter le pitch de votre livre, Elsa Malt, L’Odyssée des Consciences ?

Yves Girouard : Elsa Malt est une épopée individuelle qui se veut à la fois un divertissement et une source de réflexion, autour de l’histoire d’une femme scientifique qui, suite à un drame personnel – la perte de son fils – décide de défier la mort. Grâce à sa firme, elle lance un projet colossal – Galiléa – pour vaincre la mortalité. Rapidement, elle devient une figure incontournable et la femme la plus riche du monde.

Cependant, son projet suscite des convoitises et des oppositions, menant à des conflits internes et externes. Par exemple, des groupes d’intérêts cherchent à utiliser ces technologies à des fins contraires à l’éthique, comme l’exploitation massive ou le contrôle de populations.

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Les consciences utilisent l’IA pour prendre le pouvoir et une bataille à mort a lieu. Comment faire en sorte que l’humanité ne bascule pas dans une dictature ? Finalement, elle finira par faire un choix. Ce récit explore des thèmes comme l’immortalité, le transhumanisme et les conséquences sociétales de ces avancées scientifiques.

Roman Elsa Malt !
Elsa Malt !

Votre livre aborde des thèmes futuristes et actuels. Quel a été votre parcours, et comment en êtes-vous venu à écrire ?

Yves Girouard : J’ai toujours été partagé entre l’entrepreneuriat et ma passion pour les sciences. Adolescent, j’écrivais des poèmes. Puis, j’ai fondé plusieurs entreprises tout en nourrissant un intérêt profond pour des domaines comme l’astronomie, l’anthropologie et l’histoire. En 2020, après avoir cédé mon entreprise, j’ai choisi de consacrer du temps à mes passions : la lecture, les voyages et l’écriture.

Le scénario d’Elsa Malt m’accompagnait déjà depuis quelques années, surtout face à l’émergence de sujets comme l’intelligence artificielle. Mon intérêt pour ces thèmes vient aussi de conférences qui m’ont marqué, comme un débat entre Michel Onfray et Laurent Alexandre. Ils exposaient brillamment les promesses et les dangers du transhumanisme, et cela m’a inspiré pour construire certains aspects philosophiques de mon roman.

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Avez-vous effectué des recherches particulières pour traiter des thèmes technologiques et scientifiques présents dans votre roman ?

Yves Girouard : Une grande partie vient de mes lectures, de mon imaginaire et de ma curiosité naturelle. Je lis régulièrement des articles sur le transhumanisme, l’intelligence artificielle ou encore les technologies liées aux énergies spatiales. Mon site yvesgirouard.com les référence. L’idée d’exploiter les ressources de Callisto, lune de Jupiter, repose sur des recherches scientifiques réelles.

Callisto pourrait abriter des océans liquides sous sa surface gelée et renfermerait des ressources de minerais, ce qui en fait une cible potentielle pour de futures missions d’exploration ou d’exploitation. J’ai également exploré des concepts comme les moteurs à plasma, qui permettent des voyages spatiaux beaucoup plus rapides qu’aujourd’hui. Tout cela m’a servi de base pour mêler science et fiction de manière crédible. Je voulais être très rigoureux par rapport à tous ces concepts, je suis aussi partie des définitions premières.

Les thèmes abordés – transhumanisme, eugénisme, IA – vous inquiètent-ils pour l’avenir ?

Yves Girouard : Mon livre n’apporte pas une vérité sur ces questions. Je ne donne pas de réponses définitives, mais j’invite à une réflexion personnelle sur ces enjeux. Ces sujets sont fascinants mais aussi porteurs de risques. Ma vision est que le progrès fait partie de la nature humaine, mais tout dépend de l’usage que l’on fait des technologies. Les Chinois viennent de mettre en place un moteur qui va à la vitesse de 2 heures pour faire le tour de la planète.

La NASA vient de mettre au point un moteur plasma qui va à 800 000 km/h, la distance à peu près de Callisto. C’est époustouflant ! L’IA offre des outils révolutionnaires pour la santé ou l’éducation, mais elle peut aussi devenir une menace si elle échappe au contrôle humain, comme par exemple avec les drones autonomes capables aujourd’hui de tirer, de leur propre initiative, sur un humain. Il y a aussi le sujet inquiétant de l’algorithme qui va s’auto-contrôler et qui, avec certaines IA, a déjà réussi, seul, à modifier son « langage » pour que l’humain ne puisse plus intervenir ni le bloquer.

Certains algorithmes ont ainsi déjà montré leur capacité de contourner les limitations imposées par leurs créateurs. Cela ouvre la voie à des scénarios dystopiques où l’humain perdrait le contrôle sur ses propres créations. Mon livre est de la science-fiction, mais plus nous avançons, plus cela devient de l’anticipation et… la réalité. Je pense que ce qui définit l’humain nous permettrait de reprendre la main dans le cas d’une prise de pouvoir de l’IA. 

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Votre héroïne, Elsa, est une femme scientifique et entrepreneure. Est-ce un parti pris féministe ?

Yves Girouard : Oui, d’une certaine manière mais si elles sont sous-représentées en France, en Chine, ce n’est par exemple pas le cas. J’ai toujours imaginé le scénario de mon livre avec une femme en tant qu’héroïne. Elsa incarne une vision d’avenir où les femmes occupent davantage de rôles de leadership dans la science et l’entrepreneuriat. C’est le pari que j’ai pris pour dans 30 ans ! Son parcours illustre l’importance de s’entourer de talents et d’une équipe loyale pour réaliser des projets ambitieux.

La capacité d’un entrepreneur est de trouver des gens qui ont la même vision que lui et qu’ils mettront au service du projet. Mais ce choix est aussi lié à l’histoire elle-même : l’amour maternel et le traumatisme de la perte de son fils justifient sa croisade contre la mort. Ce lien émotionnel et charnel fort aurait été différent si le protagoniste avait été un homme. Il y a la sensibilité féminine derrière mon personnage. Elle a des valeurs et est aussi rationnelle. 

Quel impact l’actualité liée à la résurgence et aux velléités des grands empires de se reconstituer a-t-elle eu sur votre récit ?

Yves Girouard : Dans mon livre, je voulais aussi montrer les retours des Empires et l’importance croissante des entreprises privées. Même les États-Unis dépendent désormais d’Elon Musk et de SpaceX pour récupérer leurs astronautes. La conquête de l’espace est aujourd’hui assurée par ces firmes, comme dans mon livre, excepté en Chine. Les États n’ont plus les moyens de tout financer.Le chiffre d’affaires de ces entreprises privées, comme Monsanto par exemple, dépasse le PIB de certains pays.

Votre récit se termine par un retour à une vie simple et dépouillée. Est-ce une forme de nostalgie pour un monde sans technologie ?

Yves Girouard : Ce n’est pas de la nostalgie, mais plutôt une réflexion sur le ressourcement. Il existe encore des endroits sur la planète où ce mode de vie séculier demeure. J’ai vécu avec des périodes intenses, toujours dans des avions mais physiologiquement, j’ai eu besoin de me retrouver dans la nature.

Elsa choisit de se retirer après avoir provoqué une catastrophe majeure et tué des millions de consciences. Dans un monde où tout va trop vite, la nature offre un refuge pour redécouvrir la simplicité et la paix intérieure. C’est un thème récurrent dans le roman : l’opposition entre la technologie et une vie plus authentique.

Quel est votre processus d’écriture ?

Yves Girouard : Je commence par une idée que je développe en créant un squelette. Ensuite, j’écris au kilomètre pour poser l’histoire, quitte à revenir ensuite pour étoffer et peaufiner. Pour Elsa Malt, j’ai écrit l’intégralité de l’histoire en deux à trois semaines. Ensuite, je travaille les détails, les descriptions, et je fais relire par des tiers.

Mon objectif était d’adopter un style journalistique, pour plonger le lecteur dans l’intimité quotidienne des personnages. Par exemple, l’ajout de l’attentat dans l’histoire est venu plus tard, car il était nécessaire pour crédibiliser certains choix cruciaux d’Elsa.

Un dernier message pour les lecteurs ?

Yves Girouard : Elsa Malt est avant tout un roman de divertissement, mais il invite aussi à réfléchir sur des questions profondes – l’immortalité, l’IA, le transhumanisme. Chaque lecteur pourra en retirer des perspectives différentes. J’espère qu’il suscitera autant de questionnements que de plaisir. Les lecteurs vont-ils se demander s’ils voudraient être conscientisés, comme dans Elsa Malt ?

Propos recueillis par E. Maillot.

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