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Vie de couple : Faire chambre à part signifie-t-il vraiment la fin de votre couple ?

Privilégier le confort et le sommeil au détriment de l’intimité : pour certains couples, le fait de dormir ensemble de va pas forcément de soi.

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Déserter le lit conjugal pour profiter de ses nuits, du confort d’un lit frais, d’une couette rien qu’à soi… Si pour certains l’idée de faire chambre à part n’est pas envisageable, pour d’autres – comme Sybille, 33 ans, chargée de marketing en région parisienne, c’est un doux rêve… rendu impossible par le prix de l’immobilier.

Car oui, pour faire chambre à part, il faut d’abord avoir deux (ou plusieurs) chambres. Au-delà de ces contingences matérielles – qui restent malgré tout un obstacle pour celles et ceux qui aimeraient sauter le pas – le fait de faire chambre à part n’est pas toujours compris.

La naissance du lit conjugal

Si aujourd’hui le fait de dormir auprès de son ou sa partenaire semble aller de soi, cela n’a pas toujours été le cas. “L’idéal conjugal existe dans la Grèce antique, mais les habitudes de polygamie et l’astreinte au gynécée font que le lit ne sert pas vraiment à dormir ensemble. Dans la Rome antique non plus, l’homme et la femme ne se retrouvent pas tous les soirs.

C’est l’Eglise catholique qui va théoriser très tôt la question du lit conjugal”, explique l’historienne Michelle Perrot dans une interview donnée au journal Le Monde en octobre 2012. Toujours dans la même interview, elle poursuit en citant le théologien Thomas d’Aquin, qui a déclaré « le couple doit avoir son lit et sa chambre », et François de Sales qui a le lit conjugal, « lieu d’un amour tout sain, tout sacré, tout divin ». Depuis lors, faire chambre à part n’est pas approuvé par le Clergé, donc plus globalement par la société. 

Mais cette norme religieuse n’est pas le lot de tous en réalité. Le roi par exemple dort seul et peut décider d’aller rendre visite à sa femme ou à une de ses maîtresses. De même, dans l’aristocratie, on sépare généralement les appartements du maître et de la maîtresse de maison.

Comme dans Downton Abbeypar exemple, pour ceux et celles qui n’arriverait pas à se représenter cette délimitation des espaces. Mais cette pratique reste minoritaire dans l’ensemble de la population et le lit conjugal devient le symbole du couple uni, notamment dans la bourgeoisie. Dès lors, l’ameublement suit ces changements sociétaux, qui se pose alors en norme de la vie de couple.

Intimité versus confort

Mais alors que le sommeil devient de plus en plus fragile et que la notion de couple ne cesse d’évoluer, afin de respecter les individualités de chacun des partenaires, ce fameux lit conjugal ne s’érige plus pour certains comme impondérable de la vie amoureuse.

Pour le Dr Anne-Marie Lazartigues, le fait de faire chambre à part découle “du refus de compromis” qui est la règle commune des couples d’aujourd’hui. “Un compromis est toujours un renoncement, à une part de son désir, de son envie”, explique-t-elle. Ainsi on préfère faire passer son confort personnel avant l’intimité.

Savoir si on est amoureux

“Pour moi, faire chambre à part c’est préserver sa tranquillité, mais aussi préserver sa vie d’avant, quand on était seul, ou encore donner aux moments à deux une saveur spéciale : on n’est avec l’autre que quand on a envie de l’être, ce qui rend ces moments spéciaux”, explique la spécialiste. Enfin, c’est un moyen pragmatique de préserver ses rythmes et ceux de son partenaire.