Martine Lombard nous fait voyager de Berlin à Paris

Passe-passe, le premier recueil de nouvelles de Martine Lombard à être publié en français, nous emmène en voyage, de Berlin-Est jusqu’à Paris et Strasbourg. Des histoires dans lesquelles les personnages nous livrent leurs pensées les plus intimes, certains en quête d’une vie meilleure, d’autres en perdition.

Passe-passe, un livre de Martine Lombard

Avec ce recueil de nouvelles, Martine Lombard nous dépeint des tranches de vie intimistes, dans lesquelles les personnages sont à un tournant de leur vie. Et alors que certains sont de jeunes gens qui veulent découvrir le monde, d’autres ont déjà une vie bien remplie mais dérapent. C’est avec beaucoup de pudeur que l’auteure nous raconte ces histoires, dont certaines évoquent sa propre histoire.

Une écriture fluide dès la première nouvelle

Le ton est vite donné dès la première nouvelle. On y découvre Mathias, un père de famille qui a organisé un séjour de vacances avec sa femme, ses deux fils, et ses parents. Alors que ce moment devrait être chaleureux car ils ne se sont pas vus depuis un an, très vite les tensions gâchent le séjour. Les différentes générations ne se comprennent pas. Les parents de Mathias, aigris, critiquent tout. Outre l’écart d’âge, c’est également un problème d’opinion politique et de différences entre les Allemands de l’Est et les Allemands de l’Ouest qui posent problème, le père de Mathias n’acceptant pas que son fils soit devenu un Wessi (qui provient de la RFA, avant la réunification allemande). Ce problème de communication et d’entendement, on va le retrouver régulièrement dans les autres nouvelles de l’auteure.

Dans chacune de ses histoires, elle entre au plus profond du problème, elle met les cœurs à nu pour nous émouvoir, et ça fonctionne à merveille ! Difficile de rester insensible devant cet homme qui fait un burn-out juste au moment où il doit conclure un gros marché avec une grande société, puis qui dérape. Impossible de ne pas comprendre la colère de cette femme qui ne peut admettre que personne ne puisse aider une mendiante enceinte qui vient du Monténégro. Le texte est très chargé en émotions, et malgré la courtesse des nouvelles, cela n’empêche pas l’auteure de nous transporter avec elle.

« Corinna lui envoie un petit sourire entendu. Il peut décompresser maintenant. Savourer la vue de la rive luxuriante dont ils s’éloignent. Observer les reflets du soleil qui dansent sur l’eau et sur les bras nus de Corinna. »

Des allusions autobiographiques

Passe-passe, c’est un moyen pour Martine Lombard de raconter son histoire. Elle qui est originaire de Dresde et qui a fait ses études à Berlin-Est, elle a quitté l’Allemagne avant la chute du mur. Ces tranches de vie, ce sont aussi les siennes. Elle y évoque les difficultés pour rejoindre la France avant la chute du mur de Berlin, et les tours de passe-passe parfois employés pour y arriver. Elle raconte également les envies d’évasion de ces jeunes qui sont restés trop longtemps bloqués par ce mur. Il est également question de souvenirs et de retour aux sources, dans des lieux que les personnages n’avaient pas eu l’occasion de voir pendant plusieurs années. Martine Lombard nous emporte avec elle avec beaucoup de facilité. Ses textes courts sont percutants car ils nous plongent au cœur des choses, au cœur des âmes. C’est poignant.

« Elle resta devant la dernière vitrine, front appuyé contre le verre, sentant l’épaisseur chaude de son haleine qui l’embrumait. Une année de congé parental, puis on verrait venir, peut-être reprendre le travail au labo dentaire, avant de mettre doucement en route le deuxième. Tels étaient ses projets à elle. Tels avaient été ses projets, dans une autre vie. »

Passe-passe (Martine Lombard), Médiapop éditions : Lien d’achat.