Marc Desaubliaux – Un été anglais, l’interview exclusive de l’écrivain sur son roman !

A l’occasion de la sortie de son dernier roman « Un été anglais », Marc Desaubliaux s’est livré dans une interview exclusive.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots : qui êtes-vous ?

R : Je sui né à Paris il y a soixante-huit ans et j’y habite toujours. Je suis le dernier d’une fratrie de quatre enfants. Je suis marié, ai trois enfants et quatre petits-enfants. Côté travail, je me suis investi dans les services culturels et historiques du ministère de la Défense pendant plus de trente ans.

Mais durant toutes ces années, le plus important pour moi a été l’écriture. Je crois avoir créé ma première nouvelle vers vingt ans. Jusque-là, je m’adonnais exclusivement à la musique : dès sept ans, on m’a enseigné le solfège, puis le piano et bien plus tard la composition et de l’orchestration. Il faut vous dire qu’enfant, je rêvais d’être chef d’orchestre, celui qui crée la musique d’un autre, une baguette de magicien à la main ! Mon entourage a vite mis le holà ! Trop difficile, me disait-on sans m’expliquer pourquoi.

En fait, mon milieu très bourgeois, conventionnel, catholique, austère, mais aimant, n’imaginait pas avoir un artiste dans ses rangs. Ce n’était pas du mépris pour l’Art en général, j’avais des parents très cultivés, mais comme disait mon père « pas de ça chez nous » ! Alors je me suis mis à écrire pour le piano et plus tard pour des petites formations instrumentales. Mais cela ne me convenait pas vraiment. Un mal-être incompréhensible, une sensation d’étouffement et un besoin de m’échapper par la musique et par le rêve. La nature aussi, la forêt surtout. Au fond une brisure qui demeure, une crise d’adolescence qui ne s’est pas faite comme il aurait sans doute fallu.

Je dois ajouter pour finir que j’ai fait mes études scolaires dans deux collèges catholiques où j’ai été plutôt heureux, mais aussi parfois très malheureux. Sans doute ma trop grande sensibilité et une timidité maladive. Je ne pouvais être pas ce que je voulais. C’était interdit et je n’osai pas transgresser la loi.      

Etes-vous un lecteur régulier ?

R : Bien sûr, j’ai toujours un livre à portée de main. C’est indispensable. Tout comme je ne peux passer une journée sans écouter de la musique. Je ne sais pas combien je lis de livres par mois, cela dépend du temps et de la taille de l’ouvrage. J’aime découvrir ce que font mes confrères, lire ou relire des auteurs anciens (Proust, Balzac, Barbey d’Aurevilly, les romans de Marivaux…), redécouvrir des livres déjà lus.

Avez-vous des préférences de lecture ? Styles, sujets ?

R : Je suis historien et juriste de formation. Je m’intéresse donc de très prêt à l’Histoire, notamment tout ce qui touche à la Grèce antique, l’empire romain, le Moyen-Âge, la Révolution, les idées politiques des royalistes au XIX° siècle (d’où mon essai sur « La fin du parti royaliste, 1886-1891 », ouvrage couronné par l’Académie française), la fin de la Russie impériale, la Seconde guerre mondiale… L’Histoire est une formidable machine à faire rêver et à découvrir des histoires incroyables.

Enfin les romans. J’avoue être très attiré par les livres qui traitent de l’enfance et de l’adolescence.  C’est d’ailleurs le thème central de la plupart de mes livres. Mais je lis aussi pour découvrir les nouvelles façons d’écrire, les idées des autres, leur façon de construire un récit. J’aime beaucoup les travaux de Jean-Marie Rouard, Frédéric Begbeider, Patrick Modiano, Michel Houellebecq… J’apprécie aussi de lire un bon roman historique ou un bon roman policier, comme la série des enquêtes de Nicolas Le Floch de Jean-François Parot, ou encore les Maigret de Simenon qui sont absolument remarquables. Je m’intéresse aussi à la poésie avec des préférences pour Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé.

Quel est votre dernier coup de cœur de littéraire ?

R. Difficile à dire. Je parlerais de « Le Bois » de Jeroen Brouwers, « Le train des enfants » de Viola Ardone, « Le journal invisible » de Sergueï Dovlatov, ou encore « Monstres anglais » de James Scudamore, « Journal du dernier curé de campagne » de Mathieu Grimpret, etc.

Après vos nombreuses œuvres parues ces dernières années, pourriez-vous nous faire un bilan sur l’ensemble de vos œuvres ?

R : Il y a d’abord un fil conducteur évident dans tous mes livres : le monde de l’adolescence, les souffrances de cette période de la vie qui, mal vécue, provoque des dégâts irrémédiables. Ce thème apparaît dès « Le journal du désespoir », mon premier livre publié. Des jeunes détruits par la société, la famille, parce qu’ils tentent de vivre autrement mais sans le force de rompre avec tout cela.  

Je parlerai aussi de mon pessimisme que l’on me reproche parfois. « Vos histoires ne finissent jamais bien ». Mais le monde dans lequel nous vivons n’est pas fait pour nous rendre confiant en l’avenir. Je ne veux pas dire qu’autrefois c’était mieux, je n’en sais rien. Mais ce qui rend l’époque si difficile à vivre, c’est que l’on sait tout ce qui se passe immédiatement dans le monde entier, de préférence les drames. Enfin mon style a bien évolué : chacun de mes romans montre, je crois, un affinement de  l’écriture, la recherche de toujours plus de musicalité des phrases.  

Parmi tous vos écrits, quel est votre préféré ?

Sans hésiter « Deux garçons sans histoire ». La raison en est simple : ce roman est tiré d’une histoire vraie dont j’ai été le témoin quand j’avais quinze-seize ans. L’histoire d’une amitié particulière en 1968 entre mon meilleur ami et un garçon de treize ans. Elle a pris fin dans la douleur avec une séparation définitive, celle de la mort de mon ami. C’est un peu pour lui rendre hommage que j’ai décidé de devenir écrivain.

On m’a reproché d’avoir fait une copie des « Amitiés particulières » de Peyrefitte ou de « La ville dont le prince est un enfant » de Montherlant. Je ne suis pas d’accord : en effet, mon roman n’a pas le collège catholique comme cadre, ce n’est qu’un lieu comme un autre et les deux adolescents se voient surtout à l’extérieur de l’école. En plus, ce ne sont pas les prêtres qui s’acharnent contre cette amitié mais les parents, surtout les pères. Enfin, il y a une suite à la séparation forcée, car toute la seconde partie du livre est centrée sur le devenir du plus jeune, Jean-Denis, adolescent puis adulte.

Marc Desaubliaux, avez-vous de nouveaux projets en cours ?

R : J’ai terminé un nouveau roman, …… qui raconte les relations tumultueuses entre deux jeunes de vingt ans. Le livre risque de déranger à cause de la violence qui s’en dégage et d’une sexualité débridée.

J’ai un autre roman en cours qui se passe dans le Berri. Mais il n’en est qu’au stade du premier jet que je n’ai pas terminé. Et puis il y a ce grand roman historique qui sera un développement de mon court livre « Le messager », qui se passe pendant la révolution de juillet 1830. Mais là, j’ai du mal à avancer car la masse de documentation est énorme et j’avoue ne pas très savoir par quel bout prendre mon histoire ! Mais ça viendra ! 

Un dernier pour nos lecteurs ?

R : Être lu, c’est essentiel pour un écrivain, c’est exister. J’ai mis des années à le comprendre. Je suis très attentif à tous les échanges que je peux avoir avec mes lecteurs, que ce soient des compliments ou des critiques. C’est pour moi une source formidable, un encouragement à écrire ou à m’améliorer. Donc, un grand merci à mes lecteurs et à ceux qui réagissent.

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