Cécile Poujol présente les chantiers navals de La Ciotat

Les chantiers navals de La Ciotat De la mer à la lune  est un ouvrage-documentaire, dans lequel les auteurs Cécile Poujol & Maguelonne Turcat entreprennent le projet de présenter le dynamisme de cette zone d’activité navale, riche en programmes, et très prometteuse.

L’Édito mené par Arlette Salvo, maire de La Ciotat et Patrick Ghigonetto, président de la Ciotat Shipyards, qui exposent tous deux les enjeux de cet ouvrage-portrait, qui permettrait au lecteur de mieux connaître la situation de La Ciotat, considérée comme « la plus belle baie du monde », détentrice du titre depuis 2019.

Au gré des rencontres, Cécile Poujol décrit précisément la vie et l’historique de toutes les personnes qui font vivre les chantiers particuliers en bord de mer. Ce projet a une tonalité spéciale pour elle, puisque c’est en ces lieux qu’a été bâti son bateau, Routes du Large, en 2006.

Afin de pénétrer au mieux dans cet univers particulier, Cécile a rencontré différents acteurs, dont Gaston Neulet le « constructeur de mémoire » : celui-ci s’occupe des visites à la Maison de la Construction navale, un musée qui retrace les époques des chantiers navals de La Ciotat.

Pierre Lallemand incarne force de persévérance, grâce à des méthodes novatrices. Au cours de sa présentation, il est également question d’aborder le caractère de certaines technologies, utilisées dans la conquête spatiale. Après tout, le fond des océans ressemble fortement à la Lune. Certains robots sont fabriqués et assemblés à La Ciotat, ce qui dynamise grandement ces chantiers qui ne se contentent pas de concevoir uniquement des bateaux, mais aussi des drones hydrographiques. La main-d’œuvre est au cœur de ces projets, dont l’impressionnante initiative portant le nom de Nessie (le nom du monstre du Loch Ness) au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, un détecteur d’épaves. Au-delà d’un parcours exemplaire, Pierre est heureux de travailler en ces lieux, qui semblent l’inspirer, lui et sa famille.

En contant cette initiative, Cécile Poujol mêle un souvenir important, dont son rapport avec Alain Gabbay, navigateur de renom. S’ensuit la construction du bateau : cela inclue le financement et les plans. Afin de mener à bien ce projet, de nombreux rôles se déploient pour enfin voir le résultat achevé. Dix mois de réalisation, 4 500 heures de travail d’équipe, ce souvenir représentent bien le quotidien d’un chantier naval avec tout ce qu’il implique : un désir de rigueur, une attention particulière portée à la sécurité et une ambiance chaleureuse.

Le livre se poursuit avec le portrait d’Erik Wirta, investisseur américain installé à La Ciotat. Malgré un site historique, qui a vu naître des innovations et des décisions pionnières, Wirta craint que l’avenir ne soit supervisé par des grandes entités, participant au déclin du caractère particulier de La Ciotat. Dans ce climat se dessine une certaine précarité, car les chantiers navals ferment et les relations entre employés et patronat peuvent se dégrader. Cette rencontre s’achève sur une note d’espoir et de poésie.

La présentation de Rémy Janoyer se centre surtout sur les contraintes environnementales, le cadre de vie et de travail des employés est strict afin de mieux respecter l’environnement. Rémy Janoyer décrit un rythme constamment en mouvement, réactif en permanence. Cette activité implique une surveillance particulière. Ces derniers temps, le dynamisme des chantiers s’est révélé : une évolution qui aurait plu aux anciens, qui ont assisté au déclin de La Ciotat. Conscient du passé et tourné vers l’avenir, il espère que la prochaine génération, sa fille, prendra le flambeau.

Carole Chaize, l’océanographe est la seule femme à être présentée, comme rôle prépondérant dans la vie des chantiers navals. Après s’être mise à son compte, elle a commencé à travailler pour iXblue. Grâce à la structure, Carole gère bien des projets spécifiques, dont un prototype de dessalement dans le respect de l’écologie au Cap Vert. Proche de l’association Sea Shepherd, l’experte est très engagée dans le combat pour la planète. Comme les autres profils présentés dans ce livre, Carole Chaize est subjuguée par la beauté de son environnement et sa richesse. L’avenir se trouverait dans l’eau, quelque part dans ces chantiers abandonnés, qui reprennent vie.

Dans l’approche d’Arnaud Barlatier, celui-ci se dit fier de l’Histoire des chantiers, il défend les fameux « 105 », c’est-à-dire les derniers à être restés jusqu’à la fermeture du chantier. Un quotidien physique, qui nécessite une rage de vaincre. Comme La Ciotat se situe à côté du Parc national des Calanques, des obligations écologiques sont imposées, afin de respecter la biodiversité : cela inclue des contrôles fréquents de l’eau.

Les paroles d’Yves Bastide luttent contre le préjugé d’une société française fermée à la main-d’œuvre étrangère. Contrairement aux idées reçues, la main-d’œuvre étrangère et surtout polonaise n’est pas mal considérée. L’expertise est là et le travail est accompli avec brio : une façon d’enrichir la qualité « made in La Ciotat ».

Gérard Carrodano est un personnage haut-en-couleur, grand pêcheur au palmarès impressionnant. L’ami de la mer se réjouit de la reprise de la vie sur le port de La Ciotat, de la qualité de l’eau et de l’avenir radieux pour les chantiers, qui l’inquiète pourtant. L’ampleur est grande et risque d’étouffer la localité : une crainte partagée par les autres intervenants.

L’humanisme de Cécile Poujol s’exprime par ses actions, notamment celle qui a fait jaser. Parmi les initiatives, la navigatrice a aussi sensibilisé le public des détenus à la question des chantiers navals. En organisant ces visites, cela permet de cibler des potentiels employés, qui devront se réinsérer professionnellement, à l’issue de leur liberté, mais aussi d’accéder à cette liberté qui leur a été retirée, le temps de purger leur peine.

Pascal Pellat-Finet est un capitaine prolifique qui a énormément voyagé, habitué de La Ciotat. Au cours de son témoignage de vie, il aborde divers sujets dont les contraintes à bord et la question des migrants, qu’il aide volontiers, lorsqu’il aperçoit des hommes, femmes et enfants à la dérive. Cet échange très riche s’achève par le problème de la piraterie, qui fait partie du quotidien des marins.

Même le gérant du bar « Le Central » à La Ciotat se confie. Selon lui, chaque peuple aurait ses spécificités et son rapport à l’alcool. Originaire de Lorraine, il s’est enrichi au fil des ans et des rencontres avec des marins du monde entier. Il organise des soirées concert avec son personnel et contemple l’avenir avec positivité.

Dominique Santucci mène à bien le protocole de surveillance, qui est très important, surtout pour des bateaux de cette valeur. Comme d’autres intervenants, Dominique est très admiratif de Pierre Tidda, figure emblématique du port et des chantiers.

Stéphane Allégrini a participé à la reconstruction de quartiers ayant souffert de la précarité, et des personnes ayant vécu sur les chantiers. Tous les mois, Stéphane organise des expositions pour faire connaître l’Histoire aux Ciotadens actuels. Selon ses dires, l’évolution est en marche et l’avenir s’annonce radieux pour les habitants et pour le chantier.

Les dessins que l’on peut contempler au fil des pages sont l’œuvre de Lili le Gouvello.

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