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Pour beaucoup, ce projet de loi est avant tout une attaque directe contre le pouvoir d’achat des classes populaires. Sur Facebook, les commentaires sont sans appel : « Encore une taxe », « L’État nous démolit », « C’est toujours les mêmes qui paient ».
Des vêtements abordables devenus vitaux
Pour de nombreux foyers, notamment les familles, étudiants ou retraités modestes, les plateformes de fast fashion représentent aujourd’hui l’une des rares possibilités d’accéder à des vêtements à prix raisonnables. « Quand on a trois enfants à habiller avec un SMIC, on ne va pas acheter du Made in France à 50 euros le pull », écrit une internaute. « Les gens achètent selon leur porte-monnaie », résume un autre. La perspective de voir ces produits surtaxés fait redouter une précarisation encore plus marquée d’une population déjà fragilisée par l’inflation.
Plusieurs internautes dénoncent d’ailleurs une forme de stigmatisation sociale déguisée : « On n’a plus le droit de rouler dans une vieille voiture, plus le droit de louer un logement mal isolé, plus le droit d’acheter un t-shirt à 5 euros. Être pauvre, c’est devenu un délit », s’indigne Christophe C. « C’est une manière de flécher la consommation des ménages les plus fragiles vers des enseignes plus chères. Une sorte de racket légalisé », renchérit Cathy F.
Une hypocrisie dénoncée sur l’origine des vêtements
Autre critique largement partagée : le manque de cohérence dans la politique textile française. De nombreux consommateurs relèvent que les vêtements vendus dans les enseignes traditionnelles françaises sont, eux aussi, souvent fabriqués à l’étranger. « Même dans les magasins dits français, tout vient de Chine, du Pakistan ou du Bangladesh », pointe Michèle P. « Pourquoi paierait-on 30 euros un t-shirt en boutique, alors qu’il a été acheté un euro en Chine par l’enseigne, revendu à elle-même via une société offshore, puis proposé ici avec 1000 % de marge ? », questionne Véronique H.
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Cette opacité sur les circuits de fabrication alimente la défiance : « J’achèterai français quand ce sera réellement fait en France », note Françoise S. Et d’ajouter : « Nos commerces veulent nous faire croire qu’ils créent de la valeur locale, mais ils se contentent souvent de vendre très cher ce qui est produit dans les mêmes conditions que les plateformes qu’ils dénoncent. »
Une fiscalité jugée injuste et inefficace
La taxe, si elle entre en vigueur, pourrait s’élever à 10 euros par article d’ici 2030. Une somme qui, pour beaucoup, représente un non-sens économique. « Un t-shirt à 5 euros va coûter 15. Qui peut se permettre ça ? », lit-on à plusieurs reprises. « Taxer les produits pas chers, ce n’est pas les rendre plus éthiques, c’est juste les rendre inaccessibles », observe Laetitia A. « Encore une fois, c’est l’État qui vient chercher dans la poche des plus pauvres pour compenser sa mauvaise gestion », fulmine Dominique C.
D’autres dénoncent le caractère systématique du recours à la fiscalité : « En France, dès qu’un problème apparaît, la solution c’est une taxe. Ils ne savent faire que ça », ironise Éliane G. Certains y voient même une forme d’acharnement social : « On nous interdit tout, on nous taxe sur tout, mais les vrais pollueurs, les gros industriels, eux, ne paient rien », s’insurge Monique G.
Des arguments éthiques, mais minoritaires
Si certains consommateurs expriment un soutien à la mesure – notamment pour lutter contre l’exploitation des travailleurs dans les pays producteurs – ces voix restent minoritaires dans les discussions. « Je suis d’accord avec l’idée de limiter la fast fashion, car des enfants sont exploités pour coudre ces vêtements », admet Hélène C. De même, plusieurs messages soulignent que « le textile est la troisième source de pollution mondiale » ou que « consommer moins, mais mieux » serait un objectif souhaitable.
Mais même ces avis favorables à une réforme appellent à la prudence : « C’est le système textile qu’il faut revoir, pas juste rajouter une taxe de plus », souligne Ghislaine M. Et nombre d’internautes insistent sur la nécessité d’une vraie politique de relocalisation, avec un accompagnement des filières de production françaises, au lieu de simples mesures punitives.
Un sentiment de fracture sociale grandissant
À travers ces centaines de commentaires, c’est une même fracture sociale qui apparaît en filigrane : celle entre des politiques environnementales jugées déconnectées des réalités économiques et les conditions de vie de millions de Français. « Encore une fois, ce sont les gueux qu’on culpabilise pendant que les riches consomment comme ils veulent », résume Pascale F. « Une taxe sur le luxe ? Personne n’en parle. Mais sur les t-shirts à 3 euros, là oui, tout le monde a une idée », déplore Catherine G.
La pilule passe d’autant plus mal que l’exécutif semble, selon plusieurs internautes, incapable de s’attaquer aux vrais leviers du problème : « Si vraiment ils voulaient préserver l’industrie française, ils commenceraient par relocaliser les emplois », suggère Carla S. « Mais à cause de l’Union européenne et des traités, on ne fait que bricoler en surface. »
Loin d’être perçue comme un outil de justice écologique, la future taxe sur le textile à bas prix cristallise le mécontentement d’une large partie de la population. Les commentaires recueillis témoignent d’une défiance profonde, alimentée par des années d’arbitrages défavorables aux plus modestes. Si le gouvernement souhaite convaincre, il lui faudra démontrer que cette taxe s’inscrit dans une politique cohérente, juste et durable — sans quoi elle ne fera qu’accroître un peu plus le fossé entre promesses écologiques et réalités sociales.