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Un tiroir qui grince un peu, une boîte à chaussures, des billets pliés entre deux piles de linge qui sentent encore la lessive : vous savez exactement où ils sont. À chaque fois que vous vérifiez cette petite cachette, un même mélange de fierté et d’inquiétude revient. Est-ce rassurant ou un peu dangereux de garder autant d’argent liquide chez soi, finalement, alors que tout le reste de votre vie passe par un écran et un mot de passe ?
En 2025, alors que le paiement sans contact est devenu un réflexe au café comme au supermarché, le “bas de laine” résiste. Derrière ces billets gardés à portée de main, il y a des peurs très concrètes – bug bancaire, crise, carte qui lâche au mauvais moment – mais aussi un besoin profond de garder la main sur son argent. La vraie question, ce n’est pas “cash ou pas cash”, c’est : jusqu’où pouvez-vous aller sans vous brûler les ailes ?
Ce que la loi autorise vraiment
Contrairement aux idées reçues, la loi ne fixe pas un plafond chiffré pour l’argent liquide conservé à la maison. Vous pouvez garder quelques centaines ou plusieurs milliers d’euros, à condition de pouvoir justifier leur origine. Selon Service-public.fr, ce qui intéresse l’administration, ce sont les incohérences entre vos revenus déclarés, vos retraits bancaires et les sommes en jeu. Tant que tout reste cohérent sur le papier, le fisc ne vous interdit pas votre bas de laine, même bien garni.
En pratique, beaucoup d’experts évoquent une zone sensible autour de 10 000 euros en espèces. Au-delà, il devient difficile de présenter cela comme une simple réserve de sécurité, surtout si les retraits correspondants ne figurent pas clairement sur vos relevés. En cas de contrôle, l’administration peut alors suspecter travail dissimulé, blanchiment ou héritage non déclaré. L’argent liquide chez soi n’est pas illégal, mais il doit avoir une histoire crédible, traçable, que vous pouvez raconter, justificatifs à l’appui, sans que votre voix tremble.
Pour vous y retrouver, trois chiffres méritent d’être en tête. Autour de 1 000 euros, on parle surtout de limite de paiement en espèces chez un professionnel. Vers 10 000 euros, on entre dans une zone de forte vigilance pour le cash à domicile si l’origine n’est pas très claire. Et à 100 000 euros, on touche la garantie maximale du Fonds de garantie des dépôts et de résolution pour vos comptes et livrets, ce qui n’a rien à voir avec votre tiroir mais change la façon de penser votre épargne.
Parallèlement, certains spécialistes recommandent aussi de surveiller ce plafond à ne pas dépasser sur votre compte courant, pour éviter de laisser dormir des sommes trop importantes sur un support très peu rémunéré. Entre le compte courant, les livrets, les placements et l’argent liquide chez soi, la clé, ce n’est pas un chiffre magique, mais un dosage qui reste logique au regard de votre situation.
Pourquoi on garde encore de l’argent sous le matelas
Même entourée de cartes, de codes et d’applications, une enveloppe de billets garde un pouvoir très particulier. Voir et toucher son argent rassure d’une manière que ne remplacera jamais une interface numérique. Une petite réserve d’espèces donne l’impression d’avoir un plan B en cas de panne de carte, de bug informatique ou d’imprévu qui tombe mal, sans devoir dépendre d’horaires ni d’une machine qui refuse soudain de fonctionner.

Il y a aussi une dimension plus intime, presque familiale. Certaines dépenses paraissent plus confortables en liquide, parce qu’elles ne laissent pas de trace dans l’historique du compte. On reproduit parfois des habitudes observées chez ses parents ou ses grands-parents : une enveloppe d’urgence dans un placard, un billet glissé dans un livre, une petite somme “au noir” pour les coups durs. L’argent liquide chez soi devient alors un réflexe, un rituel de sécurité transmis en sourdine, même quand la vie a changé et que les montants, eux, ont augmenté.
Le cash reste enfin pratique pour les services entre particuliers, un coup de main payé sur le moment, un billet donné à un ado qui sort ou une sortie dans un endroit où la carte n’est pas reine. L’objectif n’est pas de choisir un camp entre banque et espèces, mais de redéfinir le rôle de cette réserve de billets. Elle doit rester un confort, pas une zone grise où s’accumulent des sommes qui, si elles disparaissaient, laisseraient un trou douloureux dans votre budget.
Les risques bien concrets du bas de laine
Quand on s’interroge sur la “limite d’argent liquide à domicile”, on pense souvent d’abord au fisc. Pourtant, le risque le plus brutal reste le cambriolage. En cas de vol, l’argent liquide est très recherché… et très peu indemnisé. La plupart des contrats d’assurance habitation excluent totalement les espèces, ou ne les couvrent que dans des montants très faibles, parfois quelques centaines d’euros, souvent à des conditions bien précises. Un cambriolage peut effacer en une nuit plusieurs années d’épargne silencieuse.
Concrètement, si vous gardez 3 000 ou 5 000 euros chez vous et qu’ils disparaissent, il est très probable que vous ne récupériez rien. À l’échelle d’un foyer, c’est énorme : plusieurs mois de loyer, un projet de vacances ou une voiture d’occasion qui s’envolent d’un coup. Ce qui semblait rassurant se retourne alors contre vous, comme si la cachette, finalement, vous avait laissée plus vulnérable que protégée. Quand on place toute sa confiance dans une boîte à chaussures, on oublie que personne ne viendra la rembourser.
D’autres risques, plus discrets, existent aussi : billets oubliés dans un carton, abîmés par l’humidité d’une cave, jetés par erreur lors d’un tri ou perdus dans un déménagement improvisé. Là où la banque garde une trace de chaque euro, l’argent sous le matelas dépend uniquement de votre mémoire et de quelques cachettes parfois trop ingénieuses. Un tiroir vidé trop vite, un livre donné, et ce sont des années d’efforts qui s’évanouissent sans bruit, sans alerte sur l’écran pour vous prévenir.
Quelle somme garder, concrètement ?
La question utile à vous poser n’est pas seulement “que dit la loi ?”, mais “quel montant pourrais-je perdre sans mettre mon foyer en difficulté”. Une réserve de quelques centaines d’euros, parfois jusqu’à 500 ou 1 000 euros selon votre niveau de vie, peut se justifier pour les imprévus du quotidien : dépannage, petit souci bancaire, situation où la carte devient inutilisable. Au-delà, chaque billet supplémentaire augmente surtout votre exposition au vol, à l’oubli ou aux suspicions fiscales, sans forcément vous apporter plus de sérénité.
Votre “argent sous le matelas” doit rester cohérente avec vos revenus, vos retraits et ce que vous seriez prête à expliquer si on vous questionne. Si perdre cette somme vous empêcherait de payer plusieurs mois de loyer, c’est qu’elle est trop élevée pour rester en billets chez vous. Et si vous approchez de montants très élevés en espèces, interrogez-vous sur l’intérêt réel de ce choix, surtout si, en parallèle, vous laissez trop d’argent dormir sur votre compte en banque. À force de craindre la banque, on finit parfois par prendre plus de risques chez soi que dans le système que l’on redoute.

Pour le reste, mieux vaut s’appuyer sur des supports protégés et, autant que possible, un minimum rémunérés. Livrets A, LDDS, autres livrets et comptes d’épargne sont couverts par la garantie des dépôts tout en restant accessibles en cas de besoin. Et si vous souhaitez aller plus loin, il existe des pistes simples pour mieux placer votre épargne sans la garder intégralement en billets dans un placard. L’idée n’est pas de bannir le cash, mais de lui réserver une juste place dans votre stratégie financière globale, en assumant ce choix plutôt qu’en le subissant.
En résumé : la bonne somme, c’est celle qui ne vous fait pas trembler
La loi vous laisse une marge, tant que l’origine de votre argent sous le matelas est claire et cohérente avec vos revenus. Le fisc surveille surtout les situations floues et les montants très élevés en espèces, tandis que les cambrioleurs, eux, ne se préoccupent d’aucune justification : ils prennent tout ce qu’ils trouvent, et l’assurance ne suit pas toujours. Entre besoin de contrôle et protection de votre patrimoine, le curseur mérite d’être posé calmement, loin des fantasmes et des rumeurs.
La vraie question devient alors : quel montant serais-je capable de perdre du jour au lendemain sans mettre mon budget à genoux ? À partir de là, l’argent liquide chez soi retrouve sa place naturelle : une petite réserve pour les imprévus, pas un trésor entier à défendre seule. Et si, en ouvrant votre tiroir, vous avez l’impression de regarder une mini-banque, c’est peut-être le signe qu’une partie de ces billets mérite de retourner à l’abri, du côté d’un livret ou d’un compte un peu mieux protégé que le fond d’une boîte à chaussures.
Source : Ouest-france.fr
La rédactrice a utilisé l'IA pour corriger cet article.
