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Le roman de Roger Baillet intitulé Terpsychore ou la légèreté de l’être révèle une écriture précise et servie par de solides références aux grands classiques de la littérature fondatrice, dont les métamorphoses d’Ovide et les mythes de la Grèce antique. C’est normal, son auteur est passionné d’Histoire avec un grand H. Ce livre permet au lecteur de se promener en compagnie de son héroïne atypique, Alba, autiste, précoce et très intelligente.
Une femme hypersensible appréciant les arts, fascinée par la spontanéité de la nature. Au fil des pages, le portrait d’Alba se précise : d’une enfant rejetée à l’école et moquée pour ses rêves, ses choix l’amèneront petit à petit vers de grands projets. L’artiste décrit les états d’âme d’une jeune fille qui se transforme petit à petit en femme, en prenant contrôle de sa sexualité et de son environnement. Pour elle, rien n’égale la puissance de la poésie et la liberté de la danse.
Terpsychore ou la légèreté de l’être par Roger Baillet
Ce livre touchant ressemble à une course effrénée, un marathon qui fera voyager le lecteur depuis Lyon jusqu’à Paris, Saint-Pétersbourg et l’Espagne… Les noms des personnages de Roger Baillet sont à la fois métaphoriques et symbolistes. C’est-à-dire qu’ils incarnent une idée et un concept, ce qui donne des indices sur leur rôle au sein de l’intrigue. Chaque passage est décrit avec justesse, chaque scène laisse sa place à une autre, tout en créant un éventail qui balaie les grandes étapes de la vie d’une femme qui n’a jamais pu rester en place bien longtemps.
Le lecteur d’immisce aisément dans l’univers onirique et totalement décalé d’Alba : ainsi, il découvre les sentiers escarpés de sa vie parfois violente. Abus sexuels et prostitution font partie de son quotidien. Les différentes époques de sa vie forment un patchwork improbable : tantôt bergère, stagiaire au sein d’un EHPAD, muse pour un sculpteur et habituée de grands ballets prestigieux…
Cette longue confession lui donne l’occasion continue de s’apprivoiser elle-même, lui apprenant à s’ouvrir petit à petit à ce monde cruel mais magnifique, où la danse et la poésie ressemblent à des pierres précieuses.
Roger Baillet, un auteur cultivé
L’atmosphère riche de ce roman atteint des sommets grâce à des références musicales qui permettent de vivre une véritable expérience sensorielle. De plus, le personnage d’Alba est une personnalité sensible et passionnée, ce qui permettra aux profils de facilement s’identifier à elle.
Un plongeon intimiste et sincère, qui dessert efficacement un propos simple mais essentiel pour l’épanouissement de chacun. Grâce à une écriture nette et précise, le lecteur accède à des émotions et des pensées ultra-privées, ce qui donne une crédibilité réelle au personnage principal. Un livre qui se lit d’une traite et qui mêle des histoires d’amour et des passions érotiques éphémères mais intenses. Difficile de ne pas ressentir de l’empathie pour son personnage principal, qui se bat contre elle-même.
Venue au monde et grandissant dans des conditions complexes, l’histoire d’Alba ne laisse personne indifférent. Malgré quelques fautes qui révèlent une correction incomplète, la découverte est originale.
Contrairement aux romans qui se découpent avec une mise en page classique et standard, l’œuvre est relativement courte et coupée en deux parties : l’une est consacrée à l’être, l’autre à la danse. Les deux sont les faces opposées d’une même pièce.
Alba, le personnage, s’adresse aux lecteurs
La lecture de Terpsychore ou la légèreté de l’être est une rencontre entre Alba et le lecteur. D’ailleurs, elle s’adresse directement à lui, à plusieurs reprises. Cette longue lettre met en avant la beauté d’une passionnée, qui vit au milieu de ses rêves et pour eux.
Grâce à son format court et un rythme rapide, le lecteur est aussitôt happé par ce récit original, qui prend des tournures inattendues.
Aujourd’hui plus que jamais, la littérature met en avant des figures et des profils autrefois considérés comme marginaux. En encourageant l’inclusion de personnages autistes, homosexuels ou étrangers, le paysage littéraire en ressort grandi et ouvert vers la différence. Chacun est unique et la culture devrait être à la portée de toutes les classes sociales.
Un message porteur d’espoir, qui se dévoile sous la forme d’une œuvre introspective.
Le site de l’auteur : https://rogerbaillet.fr/